Rwanda : accusées par Paul Kagame d’être des « tanières de bandits », des églises évangéliques contraintes de fermer
Le paysage religieux rwandais connaît depuis plusieurs années une transformation brutale, marquée par la disparition progressive de milliers d’églises évangéliques à travers le pays. Cette vague de fermetures, liée à un encadrement étatique de plus en plus strict, a été documentée dans un article de RFI publié mardi 23 décembre.
À l’origine de cette situation, une série de réformes engagées par les autorités depuis 2018 afin de mieux contrôler le fonctionnement des lieux de culte. Les nouvelles règles imposent notamment des exigences élevées en matière de sécurité, de transparence financière et de qualification des responsables religieux. Les pasteurs sont tenus de disposer d’une formation théologique reconnue et de prouver l’existence d’une communauté suffisamment large, des critères jugés inaccessibles pour de nombreuses petites paroisses.
Les autorités mettent en avant la nécessité de lutter contre les abus et les dérives observées dans certains établissements religieux. Plusieurs églises ont ainsi été épinglées pour des manquements aux normes de sécurité, notamment en cas d’incendie, ou pour une gestion financière jugée opaque.
Ce durcissement s’inscrit également dans un contexte de défiance assumée du chef de l’État envers les églises évangéliques. Paul Kagame a publiquement critiqué leur prolifération, accusant certaines d’entre elles d’exploiter la crédulité des fidèles à des fins lucratives et les qualifiant de « tanières de bandits » qui « ne font que voler ».
Pour certains observateurs, toutefois, la portée de ces fermetures dépasse le cadre administratif. Ils estiment que les autorités cherchent aussi à limiter l’influence de structures capables de mobiliser massivement la population. Selon eux, dans un pays dirigé par le même pouvoir depuis plus de trente ans, ce potentiel de rassemblement est perçu comme un facteur de risque politique.
Les chiffres avancés par la presse rwandaise confirment l’ampleur du phénomène : plus de 10 000 lieux de culte auraient été contraints de fermer leurs portes ces dernières années, redessinant durablement le paysage religieux du Rwanda.